jeudi 13 octobre 2016

Christine

À l'orée des années 1980, Stephen King est un écrivain déjà reconnu qui semble avoir acquis définitivement les faveurs de Hollywood. Après Carrie (Brian De Palma, 1976) et The Shining (Stanley Kubrick, 1980), après la collaboration avec George Romero sur le film à sketches Creepshow (1982), la seule année 1983 voit arriver sur les écrans pas moins de trois nouvelles adaptations : Cujo (Lewis Teague), Dead Zone (David Cronenberg) et le titre qui nous intéresse ici, Christine, par John Carpenter. Les histoires de véhicules démoniaques et meurtriers avaient déjà inspiré le cinéma. On retiendra en particulier Duel (Steven Spielberg, 1971) et The Car (Elliot Silverstein, 1977), et on laissera de côté The Love Bug (Robert Stevenson, 1968), la gentille coccinelle des studios Disney. Passionné d'automobile, King prolongera cette thématique avec son film Maximum Overdrive (1986), son roman Roadmaster (2002) ou sa nouvelle Un tour sur le bolid', portée à l'écran par Mick Garris en 2004, qui y faisait un clin d'œil à une Christine ressuscitée.
                 


Confiée au maître du fantastique John Carpenter,
le film Christine a été mis en chantier avant même la parution du roman, selon une formule qui sera par la suite systématiquement appliquée : les producteurs achètent les droits parfois sur l'annonce du seul titre, persuadés qu'il s'agira de toute façon d'un best-seller et considérant la simple présence du nom de King sur une affiche comme un argument de vente suffisant. Quelques temps plus tôt, Carpenter avait été sollicité par Dino De Laurentiis pour l'adaptation d'un autre roman, Firestarter, mais producteur et réalisateur ne s'étaient pas entendus sur le budget et Mark Lester s'acquitta finalement de la tâche. Carpenter fut alors "récupéré" par Richard Kobritz pour son propre projet sous l'égide de la Columbia. À ses côtés on retrouve Larry Franco, collaborateur privilégié du cinéaste puisqu'il a non seulement produit quasiment tous ses films depuis Elvis (1979) mais aussi régulièrement assuré la fonction de premier assistant voire de réalisateur de seconde équipe sur ses plateaux.


Le scénario est confié à Bill Phillips, qui avait travaillé avec Carpenter à l'adaptation avortée de Firestarter. À cette date, le réalisateur est dans une période particulièrement difficile : son précédent film, The Thing, œuvre jusqu'au-boutiste qui constitue le sommet de sa carrière, a été un désastre tant critique que public. Ce travail de commande lui apparaît donc comme une aubaine qu'il serait absurde de rejeter. Il est temps pour lui de faire profil bas, d'autant plus contraint que le film doit sortir dans la foulée du roman afin de bénéficier de ses retombées publicitaires.Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que Christine soit un titre relativement peu commenté de sa filmographie, considéré comme une œuvre de commande donc forcément impersonnelle, forcément mineure. Or il s'agit d'un de ses films les plus attachants....

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